Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem est un ordre religieux et militaire qui est né de la volonté de protéger les pèlerins sur les chemins de pèlerinages. D’abord à Jérusalem, puis à Chypre et enfin à Malte où il prend alors le nom de L’Ordre de Malte. C’est un ordre très puissant sur le plan politique.
Pour soutenir l’action de l’Ordre en Terre Sainte, ils installent partout en Europe des Commanderies. Une commanderie est un ensemble de bâtiments : un logis où vivent les hospitaliers, une chapelle, la grange à dîme pour la récolte de la taxe, un « Hôpiteau » pour accueillir les pèlerins et les soigner, des avant-postes militaires et une grande muraille permet une protection en cas d’attaque.
Le choix de Lavausseau, à la fin du 11éme siècle, est stratégique, d’abord car il se trouve sur le chemin de St Jacques de Compostelle mais aussi car c’est un lieu prometteur pour la fabrication du cuir, une ressource essentielle au début du 12éme siècle. Et effectivement, Lavausseau est devenu un haut lieu du cuir dès le Moyen-âge.
Si les hospitaliers ont choisi Lavausseau pour s’installer, c’est parce qu’on y trouve les éléments essentiels à la fabrication du cuir : une rivière, des forêts et des élevages.
Idéalement placée sur la Boivre, à une petite distance de sa source ce qui lui apporte pureté et fraicheur ; entourée de grande forêts de chênes et de châtaigniers pour l’obtention du Tan, l’écorce broyée en fin copeaux dans un moulin ; proche de nombreux éleveurs du côté des Deux-Sèvres où le sol trop calcaire n’est pas propice aux cultures voilà ce qui a permis à Lavausseau de faire un cuir de grande qualité reconnu jusqu’en Italie.
Ces trois éléments sont ensuite mis dans une grande fosse. Et pendant de longs mois, le tannin contenu dans l’écorce va se diffuser dans l’eau puis être absorbé par la peau et agir sur les protéines de collagènes et sur le mucus pour rendre la peau imputrescible.
Le travail dans la fosse n’est qu’une étape parmi de nombreuses autres pour rendre la peau apte à l’usage.
En 1811, il restait onze tanneries, à tannage végétale, le long de La Boivre. A la fin du 19ème siècle, elles sont regroupées par Charles Guionnet, qui fonde une entreprise ancêtre de la Tannerie de La Boivre.
En 1929, Théodore Carbonnier acquiert la Tannerie de la Boivre puis se spécialise dans le tannage minéral en utilisant pour la première fois, à Lavausseau, le chrome. Il se lance alors dans la production de semelles de chaussures. Cette production disparaît dans les années 1950 avec l’apparition de produits synthétiques.
Les enfants de Théodore Carbonnier, Emile et Yves sont les principaux formateurs de Ludovic Guignard, le dernier tanneur que la Tannerie de la Boivre ait connu. Ce dernier s’est spécialisé dans la production de peaux de décoration (chèvres, moutons et veaux).
L’activité de la Tannerie de la Boivre a cessé en Septembre 2015 pour des raisons d’environnement. Cependant les bâtis, machines et outils ont été donnés à la Commune de Lavausseau qui en délègue la gestion à l’association Cité des Tanneurs.
Crédits photos Guillaume Héraud Photographe